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Le secteur privé s’engage pour une Haïti plus sûre et inclusive

Le secteur privé s’engage pour une Haïti plus sûre et inclusive

Forum d’engagement du secteur prive des affaires dans la Réduction de la Violence Communautaire (RVC) et le désengagement des jeunes affilies aux gangs (DDR-RVC)

Du 29 au 31 juillet 2025, la ville du Cap-Haïtien a accueilli un événement d’une portée nationale “le Forum National d’Engagement du Secteur Privé des Affaires dans la Réduction de la Violence Communautaire (RVC) et le désengagement des jeunes affiliés aux gangs”. Cette activité stratégique, coordonnée par la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH), a bénéficié du soutien financier et technique du Système des Nations Unies, notamment à travers le BINUH et de l’assistance du Ministère du Commerce et de l’Industrie.

Pensé comme un espace de dialogue, d’analyse et de co-construction, ce forum s’inscrit dans une dynamique de mobilisation multisectorielle face à une insécurité qui ne cesse de s’intensifier et qui menace les fondements mêmes du tissu social et économique haïtien. Au-delà de son caractère consultatif, cette rencontre marque une étape décisive dans la recherche de solutions concertées pour freiner la montée de la violence, favoriser le désengagement des jeunes des groupes armés, et renforcer les capacités locales de résilience. Elle illustre la pertinence d’un engagement du secteur privé dans les efforts de stabilisation nationale, en tant que partenaire stratégique du développement et de la paix.

Haïti traverse une crise sans précédent, marquée par une intensification dramatique de la violence des gangs. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, plus de 5 600 personnes ont été tuées en 2024, et 1 617 autres ont perdu la vie au premier trimestre de 2025, dans un contexte de violences extrêmes impliquant groupes armés, milices d’autodéfense et forces de sécurité (ONU, 2025a). En parallèle, environ 1,3 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, dont près de la moitié sont des enfants, tandis que près de 500 000 armes illégales circulent librement sur le territoire (ONU, 2025b). Ces chiffres traduisent une escalade alarmante, avec près de 90 % de la capitale sous contrôle de gangs, affectant gravement la vie quotidienne, la mobilité, et la sécurité des citoyens.

Cette insécurité chronique a des répercussions directes sur le secteur des affaires : fermeture de commerces, paralysie des chaînes d’approvisionnement, désengagement des investisseurs, fuite des capitaux et perte généralisée de confiance dans les institutions. Les entreprises locales, déjà fragilisées par des années d’instabilité, se retrouvent dans l’incapacité de planifier, de produire ou d’employer durablement. Cette situation met en péril non seulement l’économie nationale, mais aussi les perspectives d’insertion socioéconomique pour des milliers de jeunes.

Face à cette urgence nationale, le Forum DDR-RVC s’est imposé comme un espace de mobilisation exemplaire. Pendant trois jours, plus de 360 participants se sont réunis, parmi lesquels une part significative de femmes (environ 32 %) et de jeunes leaders communautaires, venus de tous les départements du pays. Cette diversité territoriale et générationnelle a enrichi les échanges, renforçant la légitimité et la portée des recommandations formulées.

Malgré les contraintes logistiques liées à la localisation excentrée du forum, la participation est demeurée constante, dynamique et engagée, traduisant une volonté collective de contribuer à la stabilisation du pays. Les acteurs présents, entrepreneurs, responsables locaux, représentants d’institutions, jeunes en quête de solutions, ont démontré que la résilience territoriale existe, et qu’elle ne demande qu’à être soutenue, structurée et valorisée.

Les échanges ont permis de dresser un diagnostic régional précis des problématiques majeures qui affectent le pays : gouvernance locale absente, exclusion économique des jeunes, insécurité armée, crise foncière, migration non régulée, inégalités persistantes, et manque criant de formation technique adaptée aux réalités territoriales. Bien que ces défis varient selon les régions, ils convergent vers une même urgence, agir ensemble pour reconstruire le tissu social et économique haïtien sur des bases plus justes, inclusives et durables.

Face à cette complexité, plusieurs pistes d’action concrètes ont été identifiées, inspirées d’expériences réussies dans d’autres contextes :

  • Création d’espaces de dialogue sécurisés entre jeunes, autorités locales et secteur privé, afin de favoriser l’écoute, la médiation et la co-construction de solutions ;
  • Mise en œuvre de programmes d’insertion socioéconomique, incluant les emplois verts, l’artisanat, et l’entrepreneuriat local, pour valoriser les talents et renforcer l’autonomie économique ;
  • Déploiement de mécanismes de justice restaurative, portés par les communautés elles-mêmes, pour reconstruire la confiance et réparer les liens sociaux ;
  • Renforcement des capacités des collectivités territoriales, en matière de planification, de médiation et de gestion inclusive ;
  • Développement de filières de formation technique, accessibles et contextualisées, pour répondre aux besoins réels du marché local et offrir aux jeunes des perspectives concrètes d’insertion professionnelle.

Ces recommandations constituent des leviers essentiels pour freiner la spirale de la violence, favoriser le désengagement des jeunes des groupes armés, et bâtir une paix durable, fondée sur la participation citoyenne, la valorisation des compétences locales et le renforcement de la cohésion territoriale.

Ce forum a démontré que le secteur privé haïtien peut, et doit, jouer un rôle central dans la stabilisation du pays. Il a également mis en lumière le potentiel immense de la jeunesse, trop souvent marginalisée, mais porteuse de solutions innovantes, d’une énergie de transformation, et d’un désir profond d’engagement. La participation active des femmes a été particulièrement saluée, soulignant leur rôle incontournable dans la résilience communautaire et la reconstruction sociale.

La Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH) tient à exprimer sa reconnaissance sincère au Ministère du Commerce et de l’Industrie, ainsi qu’au Système des Nations Unies, pour leur appui technique et financier à la réalisation de cette activité. Leur engagement aux côtés des acteurs locaux constitue un gage de confiance, de cohérence stratégique, et de solidarité institutionnelle dans la recherche de solutions durables.

Ce forum n’est pas une fin, mais bien un point de départ. Il appelle à la continuité, à la concertation multisectorielle, et à la mise en œuvre rapide des recommandations formulées. Ensemble, secteur privé, institutions publiques, partenaires internationaux et communautés locales, nous pouvons bâtir une Haïti plus sûre, plus juste et plus inclusive, où chaque voix compte et chaque territoire devient acteur de sa propre transformation.

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